VIE à Budapest : bilan de mes 26 mois d’expatriation en Hongrie. Découvrez comment j’ai vécu cette expérience dans un pays où la culture et la langue sont totalement différentes. Avis, points positifs et points négatifs sur la vie à Budapest.
En avril 2015, j’ai eu la chance de commencer un VIE d’un an (renouvelable) à Budapest dans une entreprise très reconnue en France dans le secteur du tourisme. Je travaillais au sein de l’équipe marketing composée de quelques français mais aussi d’espagnols, d’anglais, d’italiens, etc. Le reste de l’équipe était majoritairement hongroise (au moins 65% des employés).
Alors partie pour 1 an, j’y suis finalement restée 2 ans et 2 mois.
Avant toute chose, il faut savoir que je n’avais jamais mis les pieds en Hongrie avant d’y débarquer. Du coup, avant d’accepter le poste, j’ai demandé conseils à des amis qui avaient séjourné quelques jours ou vécu quelques mois à Budapest. Ils m’ont tous dit que j’allais adorer la ville, que c’était magique, pas cher, jeune et en constante évolution.
La première année était extraordinaire
Mes amis me connaissaient bien puisque dès le début, je suis tombée amoureuse de Budapest . J’ai débarqué le 1er avril (et non ce n’était pas une blague) au moment où la ville commence à se réanimer après un hiver très froid. Les journées s’allongent, les températures augmentent, le soleil fait son apparition tous les jours ou presque, les terrasses sont de sorties, les marchés printaniers aussi… Bref, je suis arrivée au bon moment ce qui m’a donné une bonne première impression de la ville.
J’ai rapidement trouvé une colocation en plein coeur de la ville et à seulement 8 minutes à pied du travail. Selon moi, il n’y a rien de plus agréable que d’aller au travail à pied. Et sous le soleil et la chaleur chaque jour, c’est encore mieux 🙂
J’ai rencontré assez rapidement du monde grâce au travail, aux rencontres internationales (meetup), des potes de potes… Je me suis fait un cercle d’amis essentiellement français (la communauté est énorme en fait), hongrois et quelques étrangers européens.
Ma première année d’expatriation fût INCROYABLE !
Je l’aurais vécu à 100% avec des hauts et des bas comme toujours dans la vie, mais le bilan est très positif.
Mes week-ends (et soirs de semaine) ont été rythmés par les afterwork, les verres en terrasse ou dans les ruins bars entre amis, les évènements internationaux pour rencontrer de nouvelles personnes et les visites en Hongrie. Plusieurs de mes amis sont également venus me rendre visite. Ça me fait toujours plaisir de les revoir et de leur faire découvrir ma nouvelle vie/ville.
J’ai également pris l’initiative de créer un groupe Facebook pour rassembler les VIE/VIA et autres français expats sur Budapest (et en Hongrie). Du coup, tous les 2/3 mois, j’organisais une soirée dans un bar différent, histoire de rassembler tout le monde et faire de nouvelles connaissances.
Outre cette vie nocturne très animée à Budapest, la ville est également très attrayante pour son architecture, sa culture, ses bains thermaux, ses monuments… Une vraie beauté ! En seulement 3/4 jours, vous pouvez y faire le tour à pied et visiter les principales attractions touristiques.
Mes coups de coeur : le parlement hongrois, le bastion des pêcheurs avec l’imposante église Matthias, la basilique St Etienne, les bains thermaux (Gellert Baths) et la balade le long du Danube côté Pest. J’adorais courir ou me balader dans ces coins là et même après plusieurs mois sur place, j’étais toujours sous le charme.
Il faut également noter que le coût de la vie en Hongrie est très bas. Une pinte de bière coûte 1,5 €, un repas 3-6 €, une bonne bouteille de vin 4 €, etc. Pour nous en tant que français, c’est vraiment pas cher. Seulement les salaires en Hongrie sont aussi très bas, le salaire moyen est de 600 €/mois.
En VIE, nous percevons tous la même indemnisation (variable en fonction des pays) peu importe le métier exercé, le niveau d’étude, etc. L’indemnisation en Hongrie s’élève a environ 1 700 € net /mois. Vous l’aurez donc compris, nous avions de quoi vivre très confortablement. « L’argent ne fait pas le bonheur » mais honnêtement il y contribue à au moins 80%.
Après l’euphorie, la désillusion…
La première année d’expatriation fût extraordinaire en revanche la deuxième fût plus difficile à vivre. En avril 2016, j’ai renouvelé mon VIE pour 1 an de plus, seulement voilà quelques mois plus tard tout a changé.
Tout d’abord, mes meilleurs potes sont partis. 🙁 C’est le souci avec les expats’, c’est que nous avons tous la bougeotte, alors ça vient et ça part tout le temps. Donc, il faut toujours se refaire des nouveaux amis mais parfois la relation est très superficielle et décevante.
Côté travail, l’ambiance générale a changé, créant des tensions aux seins des équipes et mes missions sont devenues moins intéressantes. J’avais l’impression de ne plus rien apprendre.
Mais surtout, ce sont les différences sociaux-culturelles en Hongrie qui ont commencé à me peser lourd sur le coeur. Il y a beaucoup de chose que je n’ai pas aimé en Hongrie à commencer par l’absence du service client et la sympathie des gens.
Je trouve qu’en Hongrie, les gens sont très déprimés ce qui peut s’expliquer par leur passé, leur histoire, le bas pouvoir d’achat qu’ils ont mais aussi sur leur non-ouverture vers le monde. En réalité, durant ces 2 années, il n’a pas été facile de se lier d’amitié avec des hongrois. J’en ai rencontré plusieurs mais après quelques mois nous n’étions plus en contact sans raison particulière.
Je trouve que les hongrois sont assez timides et en plus avec la barrière de la langue cela n’aide pas à la communication. Leur anglais et comme le notre, moyen ce qui réduit les échanges. Au fond d’eux, il y a également de la jalousie. Beaucoup pensent que nous volons le travail des locaux. En plus, nous sommes mieux payés qu’eux, du coup les loyers augmentent. Aujourd’hui, seuls les étrangers peuvent se permettre de vivre en plein centre ville car les loyers sont trop élevés pour les hongrois ce qui les obligent à s’éloigner. Et malheureusement, en tant qu’expat’ on contribue à tout ça :/
« Le client est roi », cette expression ils ne la connaissent pas en Hongrie. Partout, que ce soit au restaurant, au bar, au supermarché, le service client est une catastrophe. Pas de bonjour, pas de merci, pas d’au revoir… Ils ne veulent pas diviser l’addition pour faciliter le paiement, ils se trompent sur les commandes et ne s’excusent pas, le service est lent (parfois plus d’une heure attente avant d’être servi au restaurant), etc. Je peux vous dire que nous en avons vécu des situations comme ça et presque tous les jours. Sur le long terme, je trouve ça vraiment pesant et déprimant. Après quelques mois, j’ai vraiment eu l’impression d’avoir perdu mon sourire et ma joie de vivre quotidienne à cause de cette ambiance morose. Vous vous dîtes sûrement « Oui mais tu parlais pas hongrois ». J’avais quelques bases quand même ce qui me permettait de dialoguer au début en hongrois mais ça ne changeait rien et même entre hongrois ils avaient ce même comportement d’indifférence.
De ce fait, vivre dans un pays où je ne parle pas la langue et où la façon d’interagir est différente, a eu un impact sur mon quotidien. Plus d’une fois, j’aurai aimé comprendre la composition de certains aliments pour éviter de me tromper ou acheter d’autres trucs. C’est toujours un challenge d’aller à la pharmacie et ça devient mission impossible quand tu dois te rendre à l’hôpital (expérience vécue). Pendant des mois, je suis allée à la salle de sport chaque semaine et au cours de cross fit et pourtant il m’aura fallu au moins 4 mois pour obtenir un sourire et un Szia (bonjour) des employés. Et bien évidement, aucune interaction avec les autres sportifs de la salle de sport… c’est vraiment dommage !
Aucun intérêt non plus envers les français et notre culture. Alors que les Anglais (ou les Australiens) sont sous le charme dès qu’un(e) français(e) parle le franglish (parler anglais avec un accent français :D) et s’intéressent à notre façon de vivre « Paris, baguette, vin et fromage » en gros pour résumer… Les hongrois eux n’ont jamais été sous le charme et n’ont montré d’intérêt envers la France. Pour avoir vécu 6 mois à Londres et bientôt 6 mois à Sydney, je vois une énorme différence sur l’ouverture vers les autres et le monde.
Pour toutes ces raisons, la deuxième année fût plus difficile à vivre. Je ne me sentais pas de faire ma vie là-bas ou d’y rester quelques années de plus. Même si Budapest est une ville magnifique que j’adore, il y a beaucoup de choses qui m’ont manqué pour me combler et me donner envie d’y rester : la mer, les montagnes, une langue compréhensible, une bonne ambiance et joie de vivre générale.
Chacun vit une expérience différente. Ce bilan et cet avis ne concerne que moi, je n’en fait pas une généralité. J’ai connu des couples franco-hongrois, rencontré des français installés depuis des années à Budapest qui y sont très bien. Chacun a des envies et des exigences différentes, personnellement la Hongrie ne m’a pas convenue sur du long terme après l’euphorie de la nouveauté et de la découverte. Cela étant, je souhaite garder en tête que les meilleurs moments vécus; les belles rencontres, les découvertes en Hongrie et ailleurs, les retrouvailles avec mes amis et les bons moments partagés en famille. Sans oublier l’exploit de ma mère qui a vaincu sa peur de l’avion pour venir me voir à Budapest et de mon père qui a pris l’avion pour la première fois de sa vie et tout seul en plus ! Mille MERCI pour tout
Je garde tout de même un très bon souvenir de cette aventure hongroise, c’était une expérience incroyable et très enrichissante sur le plan personnel, culturel et professionnel. Je vous souhaite à chacun de vivre au moins une fois dans votre vie une expatriation car vous en apprendrez énormément sur vous et ce que vous voulez être.
Pour résumer, ce que j’ai le plus aimé en Hongrie :
- Budapest pour la beauté de ses monuments, ses nombreux bars atypiques et sa vie nocturne
- Le soleil et la chaleur. Une météo incroyable en été, au printemps et en automne. Et un hiver un peu frais et neigeux.
- Courir à Budapest; le long du Danube ou autour des principaux monuments. D’ailleurs, je n’oublierai pas mon premier semi-marathon à Budapest
- Le coût de la vie vraiment pas cher (une pinte de bière coûte environ 1,50 €)
- Les délicieux Pad Thaï (à seulement 4,50 €)
- Les Polackaga; petits feuilletés enfournés de fromage, tomate, poulet…
- Les nombreuses activités/animations à Budapest (food truck et festivals en tout genre)
- Les cafés à Budapest m’ont fait adorer les Latte et Capuchino alors que je n’ai jamais été fan du café
Ce que j’ai le moins aimé en Hongrie :
- Les Hongrois qui n’étaient pas trop à mon goût (Les Français sont vraiment plus mignons :p)
- Le service client : n’en parlons plus mes poils s’hérissent encore..
- La langue : bien trop difficile à comprendre et à apprendre
- Le manque de la mer et des montagnes
- La difficulté à créer des amitiés avec les hongrois
Parce que l’expérience humaine, culturelle et professionnelle n’a pas de frontière… l’aventure continue aujourd’hui en Australie. Suivez en direct mon aventure à Sydney sur Facebook et Instagram.
4 Responses
Tu m’avais déjà un peu raconté ça dans nos échanges de message sur Facebook, mais je trouve vraiment incroyable les différences de ressenti qu’on peut avoir selon notre personnalité et aussi selon les personnes qu’on rencontre.
Je suis finalement arrivée à Budapest il y a bientôt 3 mois, et déjà je ne comprends pas comment tu peux citer “soleil et chaleur” dans les points positifs mdr –> je n’ai clairement pas vu le soleil depuis au moins un mois, le ciel est tout le temps gris, et le peu de fois où fait beau moi je suis enfermée au travail, à 15h30 le jour commence déjà à tomber, bref, la prochaine fois rappelle-moi d’arriver au printemps car moralement là ça ne me réussi pas trop ! x)
Ensuite je suis bluffée par la facilité à vivre ici sans parler la langue justement, je peux tout faire en anglais, la banque, la pharmacie^^, bon pas encore testé l’hôpital ! Même mon cours de “gym”, la prof s’adapte quand j’y vais et fais le cours en anglais, dingue non ?
Mes collègues sont hongrois mais parlent tous français et sont donc curieux et très contents de pouvoir me parler et de poser des questions (mais ils ont quasi tous déjà séjourné en France, ils aiment bien ce pays donc forcement…).
Pour l’instant mon plus gros point négatif hormis la météo, c’est la nourriture, franchement ça me pèse de ne pas trouver les même choses qu’en France dans les magasins, ou de les trouver mais moins facilement.
Mais bien sûr on en reparlera dans deux ans, même si ça m’étonnerai que je reste deux ans ici car ma qualité de vie est bien meilleure en France ! 🙂
Bonne continuation en Australie, je lis toujours tes articles avec grand plaisir !
Hello Helène,
Ah mince c’est vraiment pas de chance pour la météo. Franchement, les 2 années où j’étais à Budapest en septembre/octobre il faisait encore super beau et même l’hiver malgré le froid. Mais bon cette année, c’est vraiment exceptionnel d’avoir de la neige aussi tôt (enfin il paraît qu’avant c’était comme ça mais j’ai eu peu de neige en 2 ans malheureusement).
Tu vas où à la gym ? Je sais qu’il y a certains endroits où les profs parlent tout le temps en anglais/hongrois mais pas dans celle où j’allais :/ Mais oui globalement dans le centre, tu te débrouilles facilement en anglais.
Oui, ils sont sûrement plus intéressés par la culture dû fait qu’ils parlent français, c’est cool 🙂
Ah oui c’est vrai, j’ai oublié de parler de la nourriture 😀 J’ai changé mes habitudes alimentaires à cause/grâce à la Hongrie et je continue encore maintenant du coup je n’ai pas pensé à parler de ça ^^ Après 2 ans à Budapest, je suis devenue végétarienne à 80% on va dire 🙂 J’ai pas du tout aimé la viande là-bas !
Bref, oui tu verras sur le long terme comment ça se passe… Perso, la première année je n’ai pas vu tous ces petits points négatifs.
Et du coup, jusqu’à maintenant, tu es contente d’y vivre ? 🙂
Merci de me lire, ça me fait plaisir de savoir que des gens me suivent et lisent mes articles ^^
Merci pour cet article bien pensé et équilibré qui donne une idée de ce que peut être la vie à Budapest.
Ca m’a tout-de-suite intéressée car j’avais lu un post d’une expat qui racontait que ça avait été très dur pour elle. Elle avait trouvé les gens très fermés et hostiles aux européens en général et aux langues étrangères aussi, ce qu’elle avait assez mal vécu.
Je profite de l’occasion pour te poser une question par rapport au salaire et au coût de la vie. Tu dis que la salaire moyen est de 600€. Moi qui enseigne à l’étranger, je me souviens d’y avoir vu une offre à 400€ par mois avant d’opter pour un pays plus ensoleillé. Ca te paraît faisable de vivre en couple avec 400€, sans se serrer la ceinture et en ayant de quoi faire quelques extras? Parce que vivre dans un pays étranger et ne pas avoir un minimum de budget pour voyager dans le pays ce serait extrêmement frustrant.
Merci beaucoup de ton retour 😉
Hello Fork,
Je me souviens aussi d’avoir lu un article d’une expat’ qui avait très mal vécue son expérience en Hongrie… et je comprends pourquoi !
D’ailleurs, elle était prof de français dans un petit bled près du lac Balaton et elle avait un tout petit salaire ce qui l’empêchait d’en profiter pleinement.
Honnêtement avec 400€ tu vas pas très loin même tout seul. Est-ce que le poste était sur Budapest ou ailleurs en Hongrie ? Logement compris ?
Je connais dès gens qui gagnaient entre 800-1000€ par mois et c’était déjà limite pour vivre, en profiter et économiser.
Le fait que nous ne parlons pas la langue, nous obligent à privilégier des annonces en anglais et souvent le prix des loyers est 2 fois plus élevé que si tu es Hongrois.
Donc tu as bien fait de privilégier un autre pays, car 400€ à 2 ça me paraît impossible !